Société | | 15/05/2012
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Petite Italie : sous les pavés chinois la polémique

Nogent sur Marne a commandé du granit chinois* pour paver les abords du projet immobilier Cogedim de la Petite Italie. Un choix contesté par l’élu d’opposition Michel Gilles, membre du parti local Nogent Démocratie, qui a interrogé dans un courrier de ce jour le maire sur les motivations de ce choix, se demandant si  aucune entreprise française n’était capable de fournir des pavés.

Au-delà de la querelle politique locale, cette question ne se pose pas qu’à Nogent sur Marne. La polémique sur le granit made in China a sévi ces dernières années dans de nombreuses cités françaises, de la rue Alsace-Lorraine de Toulouse (pourtant située à proximité de la région granitique du Sidobre) au tramway brestois (bien que la Bretagne recèle le plus de sites de granit du pays).

Plusieurs facteurs expliquent cette situation qui peut sembler a priori ahurissante que d’importer des pierres de l’autre bout du monde alors qu’on dispose des mêmes à quelques centaines voire dizaines de kilomètres. Le prix (30 % moins cher dans le cas du site brestois -qui a finalement modifié une partie de son marché pour intégrer du granit local) est bien sûr la raison initiale, qui s’explique par une main d’oeuvre locale moins onéreuse. Et bien que les pierres soient lourdes, le transport par bateau jusqu’à un port français comme Le Havre coûte tellement peu que cela ne suffit pas à combler la différence.

Au-delà du prix, une autre raison est que les collectivités locales n’ont pas toujours l’occasion de se poser la question, ces modalités étant directement calculées par des prestataires (promoteur par exemple) ou des directions achat dont la mission est de serrer les coûts pour épargner les deniers publics. Au final, la provenance du granit ne change  pas fondamentalement  l’addition. Dans la commune de Séné (Morbihan) par exemple, l’économie réalisée de 40 000 euros à utiliser du granit chinois pour refaire la voirie ne faisait varier la somme totale du chantier que de 1%, mais 1 point + 1 point etc. peut finir par modifier considérablement la note. Pour une collectivité, l’équation n’est donc pas simple.

L’économie  faite sur les pavés est surement très inférieure au prix des statues“, pointe toutefois Michel Gilles. “Si au lieu d’ériger des statues,  nous plantions des arbres (et si possible des arbres français), et que nous évitions d’augmenter les indemnités des élus de 30%, cela permettrait de gagner en marge de manœuvre pour nous fournir en granit local.

Voilà en tout cas une question qui devrait faire débat lors du prochain Conseil municipal nogentais qui se tiendra mercredi 23 mai.

*Le granit chinois de la Petite Italie vient de la société Bonan Stone, située dans la très importante région granitique du Xiamen. Une région qui s’est progressivement imposée sur le marché européen depuis la fin des années 90 pour devenir aujourd’hui l’un des principaux sites d’exportation.

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